Octobre. de quoi parle-ton souvent en octobre ? En premier lieu vient Halloween. Je pourrais partir dans un article pour vous raconter d’où vient Halloween, et on parlerait citrouille, Samaïn mais bon. Beaucoup l’ont fait et sans aucun doute mieux que je ne le ferais.
Je pourrais parler des feuilles mortes et vous dégoter un petit haïku sur le sujet avant de me lancer dans une longue interprétation et explication de textes pour trois petits vers.
Quand souffle le vent du nord –
Les feuilles mortes
Fraternisent au sud.
Yosa Buson (1716-1783)
Je vous offre le haïku mais je vous épargne l’interprétation. Déjà parce que je ne parle pas Japonais, et ensuite, car la culture me fait défaut pour interpréter toutes les nuances et deuxièmes sens et autres jeux de mots que l’on peut trouver dans ces petites perles condensées.
Octobre, c’est aussi l’automne. Et donc une certaine mélancolie. Il est encore un peu tôt pour chanter « Novembre toute l’année » mais c’est un peu l’idée que dégage cette chanson de Benjamin Biolay. Et qu’est-ce qui relie mélancolie et automne ? Est-ce parce que c’est la saison de transition qui annonce l’hiver ? Les arbres, les animaux, bref, la nature se prépare pour le grand blanc et le long silence. Est-ce parce que c’est la fin d’un cycle ? Du coup, chacun pense plus inconsciemment à ce qu’il a fait du cycle qui se termine, et les réponses appellent souvent à la mélancolie.
Cequi peut nous amener à à la question suivante : Trouvons-nous l’automne mélancolique car la saison se révèle comme inspirante dans le domaine des regrets et des changements ou bien est-ce parce que on a grandi dans une culture qui nous a répété pendant des années que l’automne, c’est mélancolique ?
Trouverions-nous l’automne tout aussi mélancolique si autour de nous, depuis notre enfance, on nous avait râbaché et montré que l’automne c’est la fête, que l’on va brûler les feuilles mortes et faire des grands feux de joie pour s’éclater et danser encore une dernière fois avant l’hiver ?
Si notre manière de percevoir l’automne dépend de notre culture, alors par extension, notre manière de percevoir les histoires aussi, non ? Les codes qu’elles utilisent, comme la scène de rupture d’un couple dans un bois où les feuilles rouges tombent autour du couple, s’appuient sur les codes culturels que nous avons inconsciemment absorbés pendant notre vie.
Et à quel point l’absence de connaissances des codes peut-elle nous empêcher de rentrer dans une histoire ? Et du coup, pourrais-je écrire des récits pour un public Japonais, Zoulou ou Inuit ? Il paraît que c’est possible, que Chaplin est universel et qu’il fait rire des berges de l’Amazonie jusqu’au confins de la steppe. Je ne suis jamais allé vérifier cela. Et du coup, je me fait le relais de cette information qui dit que les amazoniens seraient pliés en deux en voyant les sketches de Charlot.
On diot que le rire est universel, mais d’un autre côté, on dit aussi que l’on rit tous de choses différentes. Je pense qu’effectivement, les émotions sont universelles, mais que ce qui les provoque ne l’est pas. C’est même bien plus étroit que simplement culturel. Je veux dire, dans une même culture, deux personnes ne ressentiront pas les mêmes émotions face aux mêmes événements.
Alors comment raconter une histoire qui touche un maximum de monde ? Il n’y a pas de recettes miracle pour cela. Enfin, il y a un ingrédient de base, savoir pour qui l’on écrit. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut croire à ce que l’on fait, le faire du mieux que l’on puisse, et s’en remettre au hasard, divin ou pas. Et peut-être commencer par raconter quelque chose qui nous touche nous, auteur, nous, créateur de l’histoire.
En Post-scriptum,; cela me rappelle un livre que j’avais lu il y a quelques années, « Qu’est-ce que la littérature ? » de Jean-Paul Sartre. L’auteur se penche sur qui sont ceux qui écrivent les livres et pour qui ils les écrivent, et comment cela évolue au cours de l’histoire. Vous avez le titre, vous avez l’auteur, vous arriverez bien à le trouver par vous-même. Après tout, rechercher un livre, ça peut devenir le début d’une histoire.
A bientôt…